L'œil sur le monde veille
Je suis triste en ce jour
De voir sortir de ma main
Non plus des caresses mais des
Griffes se poser sur ce monde
Qui me tue lentement à petit feu
Je suis triste tous les jours
De comprendre la souffrance
Au point de souffrir à mon tour
Par tous ces maux qui règnent
Comme jadis le roi sur son peuple
Je suis triste en moi car dans chaque
Goutte de mon sang se mélange chaque
Jour un peu plus amertume et aigritude
Je suis triste maintenant
A jamais s'envolera le voile
Qui devant mes yeux laisse apparaître
Sur la beauté du monde
La haine et la souffrance
Le jour viendra ou la douce lame
Effleurera en un mouvement soigné
La peau pleine de vie
Et le corps désenchanté
Pleurera tout en larmes rouges
Jusqu'au dernier litre de souffrance
Pour y noyer son chagrin à tout jamais
Tous ces jours m'envahissent de dégoût
Quand chaque nuit sur le grand bandeau
Noir d'asphalte traversant champs et campagnes
Dans un choc soudain et brutal
A la rencontre de la ferraille
D'innocentes vie viennent heurter
L'homme et son bolide
Laissant place à une matière fétide à ma narine
A ce mélange de poils, de chair et de sang
Je demande pardon et grâce à l'œil qui veille
Et mon regard impuissant ne peut que
Verser sur ce sol endeuillé meurtrit
Par la main de l'homme des larmes qui
Mèneront la douce lame au tranchant
Brillant à se poser et tirer sur cette peau
De pêche, pour tous ces pêcheurs, le trait doux
Comme la lave jaillit du volcan,
La colère trop longtemps contenue
Se déversera alors en un flot chaud
De douleur rouge
Jusqu'au dernier souffle
Du corps désenchanté
L'ire de l'œil qui veille gronde
Un peu plus chaque jour
Comme un nouveau Sodome et Gomorrhe
En des temps modernes
Où l'homme pris en son piège
Prisonnier de sa chair
Continuera à perpétuer crimes et châtiments
Pour ce doux billet vert
Donnant à sa vertu des airs de canaille
Ho pêcheurs, ne voyez vous pas venir
La lumière du feu sortit de vos mains
Qui anéantira vos familles
Ne prenez vous donc pas peur de la chaleur
Sortit tout droit du monstre que vous êtes
Jours après jours
La peur envahie ma conscience
Et viendra alors le moment
A force de prières
Je donnerai le peu que j'ai
Et en pardon
A coup de douce lame
Je verserais mon repentir
Jusqu'à la dernière goutte
De vie du corps désenchanté
Tous les jours un peu plus encore
S'ajoute aux innombrables facéties de l'homme
Le pléonasme de la bêtise humaine
Car nul n'a vu un animal
D'un geste désinvolte
Jeter par la fenêtre de sa voiture
Dans nos forêts asséchées
Par l'aridité du climat azuréen
Un mégot ravageur
Forêt, insectes et bêtes de toutes sortes
Enveloppés par le feu diabolique
Se trouveront mêlés au brasier
Et finiront carbonisés
Comme aurai du être la cigarette
Au fond du cendrier
Alors ma peine prend des couleurs de cendre
Et la douce lame d'un toucher froid
Emmène avec elle
La vie du corps désenchanté
Mon âme pleure et verse
Aux travers spasmes et sanglots
Le sang sortit tout droit
Du tranchant de la lame
Quand l'œil surprend l'image
Terrible d'hommes
Aux mains assassines
Quand à coup de gourdin
S'en prend non innocemment
Massacrent non sans violence
Bébés phoques reposants
Sur sa banquise
Et cet espace d'une pureté lilial
Se transforment en une scène d'horreur
D'où le rouge sortit de ces corps agités
De spasmes et de souffrance
Vient maculé la terre divine
Du jus des petits corps morts
Tués par les diables en folie
A quand le grand prédateur
Viendra vous arracher vous cœurs
Et sucer vos os jusqu'à la moelle sans saveur
De vos corps vils et impurs
Je crache à vos gueules
Tous comme vous êtes
La boue de haine que je porte
Malsaine en mon âme
Je jette et piétine ma foie
La honte est en moi
Car à jamais je serai
Ce que vous êtes
Et pour gommer l'imperfection
Que nature me pardonne
J'offre sans douleur
Par la douce lame et son tranchant
La mort de ma vie
Alors le cops se vide de son souffle
Et rejoint lentement le paradis
Des âmes désenchantées
Je vois l'œil qui veille
Se réjouir du changement
De voir mes maux se transformer peu à peu
Mon iris regarde
Et voit la rose
La cime des arbres balayés par le vent
Je vois maintenant le ciel et son bleu
L'oiseau en son centre tournoyer en ses airs
Je comprends et choisis mon camp
Je reste là
Car ici enfin je ne suis plus humain.